Points d’action des BRICS pour 2025

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Dans son allocution préparée pour le symposium des BRICS tenu à Brasilia, au Brésil, Yaroslav Lissovolik propose un plan d’action en dix points définissant les priorités des BRICS à l’horizon 2025, en mettant l’accent sur des réformes structurelles destinées à renforcer leur résilience collective face à une économie mondiale fragmentée.

L’étape actuelle du développement de l’économie mondiale se distingue par une incertitude sans précédent et une intensification des tensions géopolitiques et commerciales. Dans un tel contexte, le Sud global se doit d’élaborer un plan d’action pour les années à venir, afin d’aider les économies en développement à atténuer les effets néfastes du durcissement des restrictions commerciales. Je propose ci-après un plan d’action en dix points qui, selon moi, reflète les priorités actuelles du bloc des BRICS et saisit les opportunités offertes par la présidence du Brésil à la tête de la COP et des BRICS cette année.

  • Extension de la composition des BRICS : après une expansion déjà significative au cours des dernières années, il convient désormais de porter une attention accrue à l’équilibre de la représentation des membres entre les trois grandes régions du Sud global : Afrique, Amérique latine et Asie. S’agissant du noyau central des membres et de la zone de partenariat pour l’avenir, il convient d’accorder une priorité accrue à l’admission de nouveaux membres originaires d’Amérique latine.
  • L’élargissement du nombre de membres a rendu difficile la réalisation du principe de consensus, ce qui devrait inciter les économies des BRICS à accorder davantage de marge de manœuvre aux accords plurilatéraux au sein du cercle des BRICS.
  • Les économies des BRICS doivent mettre en place des plateformes réunissant des institutions de développement nationales et régionales, opérant conjointement avec la Nouvelle Banque de Développement (dans le cadre du format NDB+), afin de cofinancer des projets et de constituer un portefeuille commun de projets clés pour les économies du Sud global.
  • Une autre piste envisageable pour permettre au Sud global de consolider les ressources financières disponibles consiste en la création d’une plateforme dédiée aux fonds souverains des économies en développement ; à ce jour, presque toutes les économies des BRICS disposent d’un fonds souverain, et cette plateforme pourrait servir à harmoniser les stratégies d’investissement des BRICS dans le domaine du « financement vert » et du développement durable.  
  • Les économies des BRICS doivent élaborer une feuille de route pour la libéralisation des échanges, impliquant les discussions et la participation des blocs d’intégration régionale en tant qu’acteurs clés dans la conclusion d’accords commerciaux Sud-Sud ; cette feuille de route devra accorder une attention particulière aux besoins des économies les moins avancées, notamment celles d’Afrique.
  • La plateforme récemment créée par les BRICS pour la restauration des terres doit être reliée à une plateforme BRICS+ regroupant les banques régionales de développement et la Nouvelle Banque de Développement, avec pour objectif principal le cofinancement de projets écologiques. Ce dispositif permettrait de mobiliser les ressources financières nécessaires au financement de projets d’envergure dans le domaine environnemental.  
  • Dans le domaine de la politique environnementale, les BRICS pourraient ouvrir la voie à la participation des blocs d’intégration régionale (tels que l’ANASE et le Mercosur) dans la coordination des politiques ainsi que dans la conclusion d’accords environnementaux « de région à région ».
  • Dans le domaine macroéconomique, une refonte du mécanisme BRICS de réserve de change (CRA) devrait permettre de transformer cet instrument en un mécanisme pleinement opérationnel, capable de fournir des ressources financières et un soutien aux économies des BRICS.
  • Dans le domaine monétaire, les banques centrales des économies des BRICS doivent intensifier les discussions sur l’interopérabilité des monnaies numériques de banque centrale (CBDC) entre les membres, notamment par la création d’un groupe de travail qui pourrait être lancé à l’issue du Sommet des BRICS de juillet 2025. 
  • Afin d’assurer la continuité des politiques, les BRICS pourraient instaurer un mécanisme de Troïka, à l’image de celui en vigueur au sein du G20, réunissant la présidence actuelle du bloc ainsi que celles de l’année précédente et de l’année suivante ; ce mécanisme de Troïka permettrait non seulement de renforcer la continuité des politiques, mais aussi d’accroître la connectivité et le rayonnement du bloc auprès d’autres forums, organisations et blocs régionaux. 

Parmi les mesures évoquées, les plus importantes concernent la création de plateformes pour les banques régionales de développement ainsi que pour les fonds souverains des BRICS, et leur mise en relation avec les plateformes dédiées au développement durable, notamment la plateforme récemment créée par les BRICS pour la restauration des terres. 

Dans l’ensemble, la gravité des défis auxquels sont confrontées la communauté mondiale et les pays en développement souligne l’importance cruciale pour les économies BRICS+ d’adopter une approche plus pragmatique et concrète en matière de coopération économique. À cet égard, le commerce Sud-Sud et la coopération environnementale doivent figurer parmi les priorités majeures des BRICS pour les années à venir. Durant la présidence du Brésil cette année, les économies des BRICS doivent également explorer les synergies susceptibles d’émerger de leur coopération au sein des principaux forums internationaux, notamment la COP, dont le Brésil assure la présidence cette année. 

Yaroslav Lissovolik, Fondateur, BRICS+ Analytics

Available in
EnglishSpanishPortuguese (Brazil)GermanFrenchItalian (Standard)
Authors
Yaroslav Lissovolik
Translators
Joel Ndesil Deumi Ngakam and Open Language Initiative
Published
26.06.2025
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