Briefing

Bulletin IP | N° 17 | A la conquête d'un Nouvel Ordre Économique International

Au cours des prochains jours, d'éminent·es universitaires, diplomates et dirigeant·es politiques se réuniront à La Havane pour élaborer un programme d'action visant à instaurer un Nouvel Ordre Économique International.
Dans le 17e Bulletin de 2024 de l'Internationale Progressiste, nous vous donnons des nouvelles du Congrès du 50e anniversaire du Nouvel Ordre Économique International à La Havane. Si vous souhaitez recevoir notre Bulletin dans votre boîte de réception, vous pouvez vous inscrire en utilisant le formulaire au bas de cette page.
Dans le 17e Bulletin de 2024 de l'Internationale Progressiste, nous vous donnons des nouvelles du Congrès du 50e anniversaire du Nouvel Ordre Économique International à La Havane. Si vous souhaitez recevoir notre Bulletin dans votre boîte de réception, vous pouvez vous inscrire en utilisant le formulaire au bas de cette page.

« La lutte pour éliminer l'injustice du système économique international existant et pour établir le Nouvel Ordre Économique International fait partie intégrante de la lutte des peuples pour leur libération politique, économique, culturelle et sociale », ont déclaré les chef·fes d'État et de gouvernement du Mouvement des pays non alignés réuni·es à La Havane il y a près de 50 ans.

Cette vision d'un monde transformé a été exposée pour la première fois en 1974, lorsque les nations du tiers monde, qui avaient conquis leur indépendance du colonialisme, se sont réunies pour proposer une vision du développement souverain et de la coopération internationale en matière de commerce, de finance et de technologie - et ont obtenu une déclaration des Nations unies pour l'établissement d'un Nouvel Ordre Économique International (NOEI) lors de l'Assemblée générale.

Cinquante ans plus tard, nous nous trouvons à nouveau dans une période de transformation géopolitique rapide - à la fois riche en possibilités pour l'émergence d'un ordre plus juste et lourde du risque de sa fragmentation violente. Comment ferons-nous face aux crises du changement climatique, aux pandémies virales, à l'extrême pauvreté et à l'escalade des guerres qui menacent des milliards de vies et de moyens de subsistance à travers la planète ? Il y a un an, l'Internationale Progressiste a réuni des délégué·es de plus de 25 pays à La Havane pour inaugurer la présidence cubaine du Groupe des 77 - et prendre part au Congrès inaugural sur le Nouvel Ordre Économique International. « Nos nations continuent d'être à l'arrière-garde du développement mondial, tout en portant sur leurs épaules les conséquences des multiples crises et inégalités découlant de l'injuste ordre international actuel », a déclaré le président Díaz-Canel dans son discours d'ouverture du G77.

Au cours de ses délibérations, le Congrès a élaboré une stratégie claire pour « affirmer le pouvoir du Sud », exposée dans la déclaration de La Havane prononcée lors de la cérémonie de clôture le 28 janvier. « Le Congrès reconnaît que la libération économique ne sera pas accordée, mais qu'elle doit être saisie... Notre vision ne peut se concrétiser qu'à travers la formation d'institutions nouvelles et alternatives pour partager les technologies critiques, s'attaquer à la dette souveraine, conduire le financement du développement et faire face ensemble aux futures pandémies », peut-on lire dans la déclaration.

Un an plus tard, la nature de ces « institutions nouvelles et alternatives » - ainsi que leur mode de mise en œuvre - reste à définir. Devons-nous former un nouveau cartel pour coordonner l'extraction des métaux précieux ? Devrions-nous former un club de nations débitrices pour gérer la crise de la dette souveraine ? Faut-il créer une agence commune de régulation médicale pour faciliter la circulation des médicaments dans les pays du Sud ?

Au cours des prochains jours, l'Internationale Progressiste retournera à La Havane pour répondre à ces questions - pour célébrer le 50ème anniversaire du Nouvel Ordre Économique International, pour soutenir le dialogue initié lors du Congrès inaugural, pour aiguiser le débat sur l'orientation de la coopération Sud-Sud, et pour renforcer la coalition pour la poursuivre.

Le congrès du 50e anniversaire du Nouvel Ordre Économique International rassemble des universitaires, des diplomates et des dirigeant·es politiques de premier plan - du Brésil au Pakistan, de l'Afrique du Sud à l'Espagne - qui partagent un engagement en faveur du droit au développement et une frustration commune face au débat actuel sur la manière de le gagner. Pendant trois jours, dans l'impressionnant hémicycle sud du Capitole national, ce groupe s'engagera dans un débat profond, honnête et rigoureux afin d'identifier les principaux défis du développement souverain aujourd'hui, les priorités clés pour y remédier et les propositions concrètes qui peuvent réellement répondre à ces priorités.

L'objectif officiel du congrès est d'élaborer un nouveau programme d'action du NOEI qui sera présenté lors de la conférence de presse de clôture au Palacio de Convenciones le 2 mai - un document à la fois inspiré par le programme d'action de 1974 sur l'établissement d'un Nouvel Ordre Économique International, et informé par l'expertise et l'expérience que les délégué·es apporteront au congrès.

Dernières nouvelles du mouvement

L'Équateur dit non aux tribunaux d'entreprises étrangères 

Lors d'un référendum qui s'est tenu dimanche, l'Équateur a voté en faveur du maintien de l'interdiction constitutionnelle de recourir à l'arbitrage international et aux mécanismes de règlement des différends entre investisseur·euses et États (ISDS) pour régler les litiges entre les entreprises étrangères et l'État.

C'est la deuxième fois que le peuple équatorien vote non à l'ISDS et à ses tribunaux d'arbitrage internationaux par le biais d'un vote direct dans les urnes. La première fois, c'était lors du référendum constitutionnel de 2008, lorsqu'une nouvelle constitution, comprenant l'article 422 interdisant l'ISDS, a été soumise au vote populaire. L'Équateur a fait l'objet de plusieurs indemnisations coûteuses accordées par des tribunaux de l'ISDS en faveur d'investisseur·euses. Par exemple, en 2012, un tribunal a ordonné à l'Équateur de verser à la compagnie pétrolière américaine Occidental plus de 1,5 milliard de dollars, l'un des montants les plus élevés qu'un État ait jamais été condamné à payer.

Fait remarquable, le gouvernement équatorien de droite a tenté de renverser l'interdiction constitutionnelle et de réintroduire ces tribunaux antidémocratiques. Mais 63 % des électeur·ices ont dit non : un coup dur pour le système ISDS, qui aura d'importantes répercussions sur la lutte mondiale pour le démantèlement de ce système.

Le Rana Plaza, 11 ans après

Le mercredi de cette semaine a marqué le 11e anniversaire de la catastrophe de l'usine Rana Plaza qui a tué plus de 1 100 travailleur·euses de l'habillement bangladais·es lorsque leur usine s'est effondrée à la suite des avertissements de sécurité des travailleur·euses. À la suite de cette catastrophe, l'accord historique sur le Bangladesh a été négocié par UNI Global Union et IndustriALL afin de créer un accord juridiquement contraignant visant à améliorer les normes de sécurité dans les usines de confection.

L'accord est devenu une bouée de sauvetage pour les travailleur·euses des usines. Plus de 200 marques se sont engagées, garantissant un avenir plus sûr à des millions de personnes au Bangladesh et, à partir de 2023, au Pakistan, qui bénéficieront de ces initiatives salvatrices. Cependant, de nombreux grands détaillants, qui profitent du travail des ouvrier·ères de l'habillement du Bangladesh, ont refusé de signer l'accord, notamment le plus grand détaillant en ligne du monde, Amazon.

Les travailleur·euses de l'habillement et leurs syndicats sont contraints de se battre pour obtenir des salaires équitables et des conditions de travail sûres. En novembre de l'année dernière, les travailleur·euses de l'habillement ont organisé d'importantes manifestations pour réclamer un salaire mensuel minimum d'un peu plus de 200 dollars. Ils et elles ont été confronté·es à la violence, y compris au meurtre et à la blessure de syndicalistes. Aujourd'hui, l'État bangladais a émis plus de 44 000 mandats d'arrêt à l'encontre de travailleur·euses de l'habillement ayant participé aux manifestations. Tout cela avec l'approbation tacite d'Amazon et des grandes marques pour lesquelles ces travailleur·euses réalisent des profits.

Les syndicats palestiniens appellent à la solidarité pour le 1er mai

La Fédération générale palestinienne des syndicats a lancé un appel aux syndicalistes du monde entier pour être « solidaires de notre lutte et prendre des mesures décisives pour honorer les innombrables martyrs perdus et les familles déchirées, et pour faire pression en faveur d'une Palestine libre » à l'occasion du 1er mai.

Alors que des fosses communes sont découvertes dans les hôpitaux Nasr et Shifa, dernier détail macabre du génocide israélien à Gaza, la PGFTU appelle ses membres à :

  • Refuser de manipuler des marchandises en provenance ou à destination d'Israël.
  • Organiser un arrêt de travail ou un ralentissement.
  • Organiser des réunions éducatives au sein de leur section syndicale pour discuter de la lutte palestinienne.
  • Distribuer des dépliants d'information, des brochures ou des newsletters sur les lieux de travail afin d'informer vos collègues et de leur fournir des ressources pour l'action.
  • Faire circuler une pétition sur le lieu de travail parmi les collègues appelant à des actions spécifiques ou à des changements de politique, comme le désinvestissement des fonds de pension des entreprises complices de l'occupation ou la mise en œuvre de mesures de boycott à l'encontre des entreprises complices.

Comment vaincre l'extrême droite

La semaine dernière, le maire de Bruxelles a tenté de vaincre l'extrême droite en fermant la conférence nationale des conservateur·ices qui se tenait dans sa ville. L'opération s'est retournée contre lui, offrant aux divers leaders réactionnaires une plus grande tribune pour crier à l'injustice. L'arrêt des activités « ne tient pas compte des véritables sources du pouvoir croissant de l'extrême droite et, ce faisant, risque d'enhardir sa coalition et d'amplifier sa revendication de persécution par l'establishment politique », affirment David Adler, coordinateur général adjoint de l'IP, et David Broder, rédacteur en chef de Jacobin Europe, dans un nouvel article publié dans The Nation.

Selon eux, « on a accordé beaucoup moins d'attention à l'infrastructure qui relie, entretient et soutient les dirigeant·es d'extrême droite qui figurent sur leurs listes. Depuis des années, un réseau mondial est en train de se former - réunissant des juges et des journalistes, des fondations et des financiers, des universitaires et des entrepreneur·euses - dans le but explicite de propulser l'extrême droite à la fois à l'intérieur et au-delà des frontières de la politique électorale. C'est l'Internationale Réactionnaire : bien moins visible - mais bien plus puissante - que des leaders comme Marine Le Pen, Farage ou Braverman ne pourraient jamais l'être seul·es. Pour vaincre l'extrême droite, nous devrions moins nous attacher à déplateformer ses dirigeant·es qu'à démanteler l'infrastructure sur laquelle ils et elles s'appuient ».

L'IP a récemment lancé un consortium de recherche dans ce but : l'Internationale Réactionnaire.

Modi commence dans le caniveau

Le premier ministre indien, Narendra Modi, mène la campagne électorale de son parti, le Bharatiya Janata Party (BJP), avec des sifflets à peine déguisés, assimilant les plus de 170 millions de citoyen·nes musulman·es de l'Inde à des « infiltré·es ».

Dans un discours choquant qui a suscité de nombreuses critiques, M. Modi a déclaré :

« Le manifeste du Congrès [national indien] dit qu'il fera le point sur l'or que possèdent les mères et les filles et qu'il distribuera cette richesse. Le gouvernement de [l'ancien Premier ministre du CNI] Manmohan Singh avait déclaré que les musulmans avaient le premier droit à la richesse. Cela signifie qu'ils distribueront cette richesse à ceux qui ont plus d'enfants, aux infiltrés. L'argent que vous avez durement gagné doit-il être donné à des infiltrés ? »

Les Argentins défendent l'éducation publique

Mercredi, plus d'un million d'Argentin·es sont descendu·es dans la rue pour défendre l'enseignement public contre les assauts du président réactionnaire-libertaire Javier Milei. Cette démonstration de force en faveur des droits et des prestations collectives a été en partie organisée par la fédération syndicale CTA-T, membre de l’IP.

Assassinat paramilitaire de leaders sociaux en Colombie

Le dimanche 21 avril, deux dirigeants de mouvements sociaux et défenseurs de la terre ont été assassinés par des forces paramilitaires d'extrême droite en Colombie : Narciso Beleño et Eliberto Chilhueso. Ces meurtres ne sont que les dernières victimes de décennies de violence politique dans le pays. Pour la seule année 2024, 51 leaders sociaux ont été assassiné·es en Colombie. Narciso Beleño était un dirigeant rural de l'organisation Congreso de los Pueblos, membre de l’IP, et Eliberto Chilhueso un représentant du mouvement social Marcha Patriótica. Tous deux ont lutté pour la dignité, la paix et une réforme agraire complète.

Le président Gustavo Petro a fait l'éloge de Narciso Beleño en déclarant : « Nous avons laissé tomber Narciso Beleño. Il avait et a toujours raison. Il n'y aura pas de paix tant qu'il y aura de l'exclusion sociale ». Les dirigeant·es du Congreso de los Pueblos ont qualifié d'« urgence humanitaire » la poursuite des assassinats de leaders sociaux par les paramilitaires et ont demandé le démantèlement urgent des paramilitaires.

Fermer le dîner des correspondant·es de la Maison Blanche

Code Pink, membre de l'IP, prévoit d'interrompre le dîner annuel des correspondant·es de la Maison Blanche en hommage à la centaine de journalistes tué·es à Gaza lors de l'assaut israélien contre la bande de Gaza. Vous pouvez vous joindre à eux et trouver plus d'informations ici.

L'art de la semaine: Conception pour le congrès du 50e anniversaire du Nouvel Ordre Économique International par le directeur de la création de l'IP, Gabriel Silveira.

Available in
EnglishSpanishFrenchPortuguese (Brazil)
Translator
Laura Schiavetta
Date
26.04.2024
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