Briefing

Bulletin IP | N° 40 | L'assaut de Modi contre la liberté de la presse

Le Cabinet de l'Internationale Progressiste tire la sonnette d'alarme sur les attaques éhontées contre 46 journalistes par l'État indien qui déploie des lois antiterroristes.
Dans le 40e Bulletin de l'Internationale Progressiste de 2023, nous examinons les actions anti-démocratiques et anti-médias du gouvernement de Modi avant les élections générales de l'année prochaine. Si vous souhaitez recevoir notre Bulletin dans votre boîte de réception, vous pouvez vous inscrire en utilisant le formulaire au bas de cette page.

Le 3 octobre, l'État indien a lancé la plus grande campagne de répression contre la presse depuis l'indépendance. 46 journalistes et leurs familles ont été réveillé·es aux premières heures de la matinée par une unité spéciale de la police de Delhi qui a fait une descente à leur domicile et a saisi des téléphones et des ordinateurs.

Selon les autorités, ces perquisitions menées par une unité antiterroriste dépendant directement du gouvernement de Narendra Modi étaient nécessaires en raison de l'association directe ou indirecte présumée des journalistes avec le site d'information NewsClick.

L'invocation des lois antiterroristes à l'encontre d'un média entier est sans précédent, inquiétante et antidémocratique.

La dernière campagne de l'État indien contre NewsClick a débuté en août, à la suite d'un article du New York Times qui affirmait que le site diffusait de la propagande chinoise et était financé par le magnat américain de la technologie Neville Roy Singham. NewsClick a fermement rejeté ces allégations, mais a néanmoins vu ses actifs gelés.

Selon les journalistes arrêté·es, l'enquête de la police ne portait pas sur la propagande chinoise, mais sur les reportages critiques à l'égard du gouvernement Modi. La couverture de sujets majeurs tels que les émeutes anti-musulmanes à Delhi, la grève des agriculteur·trices contre les nouvelles lois agricoles, les manifestations contre la loi anti-musulmane sur la citoyenneté (amendement) et la réponse du gouvernement à la pandémie de Covid-19 ont toutes été remises en question.

Trois jours plus tard, NewsClick n'a reçu aucune notification formelle d'inculpation. La police refuse de fournir ne serait-ce qu'un « rapport d’intervention » et invoque la loi antiterroriste, l'Unlawful Activities (Prevention) Act (loi sur la prévention des activités illégales).

Dans un communiqué, le média a déclaré : « Nous condamnons fermement ces actions d'un gouvernement qui refuse de respecter l'indépendance journalistique et traite les critiques comme de la sédition ou de la propagande "anti-nationale" ».

Cet assaut contre la presse n'est pas nouveau. L'Inde se place au 161e rang du classement de la liberté de la presse et a fortement régressé au cours de la décennie de règne de Modi.

Les médias qui proposent des reportages critiques font l'objet d'un harcèlement systématique. En février, des agent·es du fisc ont perquisitionné les bureaux de la British Broadcasting Corporation, quelques semaines après la diffusion d'une série de documentaires sur Modi, la montée du nationalisme hindou et ses liens avec la violence antimusulmane. En juillet 2021, les autorités fiscales ont ouvert une enquête sur Dainik Bhaskar, l'un des plus grands journaux indiens, qui a révélé la mauvaise gestion de l’épidémie de Covid-19 par le gouvernement. Des sites web indépendants ont également fait l'objet de descentes de police similaires, au cours desquelles les appareils électroniques des journalistes ont été saisis.

Dans une requête adressée au président de la Cour suprême de l'Inde à la suite de cette nouvelle agression contre leurs collègues, une coalition de syndicats et d'organisations de journalistes indiens a écrit qu'« une grande partie des journalistes en Inde se retrouve à travailler sous la menace de représailles ». À la suite de ce raid, le Comité pour la protection des journalistes, basé à New York, a demandé la libération immédiate des journalistes, exhortant le gouvernement à « cesser d'essayer d'intimider les journalistes ».

Ces actions antidémocratiques et anti-médias de l'État devraient s'intensifier à l'approche des élections générales de l'année prochaine. La stratégie du BJP consiste à attiser l'islamophobie, décrite par Genocide Watch comme une « idéologie fabriquée par l'État », à intimider et à réduire au silence les journalistes qui la contestent et à déployer des lois antiterroristes contre les dissident·es de tous bords.

Nous sommes solidaires de tou·te·s les journalistes qui cherchent avec courage la vérité et défient le pouvoir en Inde, qui risquent aujourd'hui leur liberté pour informer la population, et de tous celleux qui font face à la démolition de la démocratie indienne.

Dernières nouvelles du Mouvement

13 partis, syndicats et mouvements rejoignent l'IP

Cette semaine, nous avons accueilli avec fierté et enthousiasme 13 nouvelles organisations membres dans nos rangs, ce qui porte notre nombre à 75, originaires de 40 pays. Comme l'a dit Varsha Gandikota-Nellutla, co-coordinatrice générale de l'Internationale Progressiste, en leur souhaitant la bienvenue: « Toutes et tous mènent des combats inspirants pour la justice, qui défient les puissants et se tiennent aux côtés du peuple dans leurs pays respectifs. Le moment historique que nous partageons est entouré de l'ombre des menaces, mais reste porteur d'opportunités. Ensemble, nous orienterons nos politiques vers plus de vigueur et d'ambition, en faisant correspondre l'ampleur de nos crises à l'ampleur des actions que nous mettons en place pour les contrer ».

Pour en savoir plus sur nos nouveaux membres, cliquez ici. Vous trouverez des profils plus détaillés de nos membres et de leur travail dans les prochaines éditions de cette lettre d'information.

Pas touche à Haïti

Cette semaine, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté en faveur de l'intervention en Haïti d'une force de sécurité multinationale dirigée nominalement par le Kenya. Cette décision a suscité de vives critiques de la part des forces progressistes de l'hémisphère occidental et du Kenya, qui considèrent que cette force financée par les États-Unis n'est rien d'autre qu'une opération néocoloniale de camouflage.

Haïti a subi d'innombrables interventions étrangères depuis que son peuple a vaincu l'esclavage et le colonialisme il y a 200 ans pour former une république. Le cabinet de l'Internationale Progressiste a demandé « la fin urgente de l'interventionnisme en Haïti ».

Traducteurs du monde entier, unissez-vous !

Le samedi 30 septembre était la Journée internationale de la traduction. L'Internationale Progressiste a célébré cette journée et rendu hommage à nos traducteur·trices et interprètes qui nous ont permis de nous exprimer en revenant sur certaines de nos traductions les plus populaires - essais, analyses et récits de lutte qui ont touché un public très large.

L'art: La peinture Street Play de Sudhir Patwardhan, réalisée en 1981. Réalisée à la veille de la grève massive des usines textiles qui a secoué Mumbai en 1982, elle présente un paysage de rue assemblé à partir de différentes parties de la ville, une séquence de panneaux.

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Date
06.10.2023
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