A l’instar de beaucoup de citoyen·ne·s soudanais·es et tchadien·ne·s qui gagnent leur vie au noir en sillonnant les plages, Imran est un survivant du massacre de Melilla survenu en juin dernier. Selon des ONG internationales, au moins trente-sept personnes ont été tuées par la police lorsque des exilé·e·s immigrants ont essayé de prendre d’assaut la frontière maroco-espagole. Mais le chiffre de soixante-quatorze portés disparu·e·s semble indiquer un bilan beaucoup plus lourd.
« “Nous constituions un grand groupe de 1,500 personnes en arrivant aux barbelés »”, dit Imran à Jacobin. « “Mais les policiers étaient déjà là. En arrivant au passage de frontière, ils nous ont encerclé·e·s des deux côtés du barbelé - les policiers marocains d’un côté et les espagnols de l’autre »”. Et Imran d’ajouter :
Des gaz lacrymogènes étaient tirés de chaque côté et un hélicoptère espagnol [de la Garde Civile] nous espionnait d’en haut. On ne pouvait ni voir ni respirer [à cause du gaz] et c’était le désespoir total. Quant aux policiers marocains, ils tiraient des balles en caoutchouc et nous jetaient des pierres.
J'ai été l'un des chanceux qui ont réussi à traverser, et la police espagnole a essayé de me frapper. Je me suis échappé [à l'intérieur du territoire], mais beaucoup d'autres ont été refoulé·e·s à la frontière.
Plus loin sur le front de mer, je parle à Magdy, un Soudanais de vingt-deux ans.
La police marocaine a tué tellement de gens. Quelqu’un a été tué devant moi. Atteint d’une balle en caoutchouc dans la tête alors qu’il était au sommet de la barrière, il s’est effondré. Nous avons essayé de le relever mais il n’a pas bougé.
J’ai également perdu mon meilleur ami ce jour-là, il a été asphyxié, [écrasé] contre la barrière. Je suis dévasté. Nous avions vécu tant de choses ces dernières années.
Ensuite, en attendant son prochain client au lave-auto, Magdy ajoute : « “Tout le monde sait ce qui nous est arrivé ici mais ils ne font rien. »”
Trois mois après que des médias aient publié des images choquantes des blessé·e·s et des mort·e·s entassé·e·s à côté de la barrière, les gouvernements espagnol et marocain accusent toujours les victimes de cette violence, tout en entravant les enquêtes. La pénalisation des migrant·e·s impliqué·e·s ne s’est pas fait attendre ; soixante-cinq de celles-eux qui ont été détenu·e·s à la suite des évènements doivent purger des peines allant de quatre mois à trois ans, dictées par les tribunaux marocains.
En parallèle, le 13 septembre, le Parti socialiste espagnol au pouvoir en Espagne a voté, conjointement avec le Parti populaire de droite et Vox d’extrême droite, pour le rejet d’une proposition d'enquête parlementaire sur les violences meurtrières. « “Il n’y a pas eu de transparence, »” le député Jon Iñarritu apprend au Jacobin. Iñarritu, membre du parti basque de gauche, EH Bildu, signale ceci :
Nous ne savons pas encore combien sont mort·e·s. En même temps, le gouvernement bloque nos demandes d'accès aux images des caméras frontalières ainsi que celles des drones déployés au cours de l’opération. En même temps, ils nient des faits bien avérés, à savoir la présence de la police marocaine exerçant en territoire espagnol pendant les violences.
« “Il s’agit du pire massacre lié à la migration survenu aux frontières européennes au cours des dernières décennies »”, explique à Jacobin Miguel Urbán, député au Parlement européen représentant l’organisation Anticapitalistas « “Or cela ne s’est pas produit sous la coupe d’un Viktor Orbán en Hongrie ou d’un Mateusz Morawiecki en Pologne [et de leurs gouvernements d’extrême droite] mais plutôt sous celle de la coalition progressiste réunissant le PSOE de Pedro Sánchez et Unidas Podemos »”. Il poursuit son propos en soulignant :
Sur le plan pénal, la gendarmerie marocaine est responsable de ces meurtres mais le gouvernement espagnol l’est sur le plan politique. Le PSOE a priorisé l’externalisation de la sécurité frontalière à ce régime autoritaire. Il y a également des accusations sérieuses autour des actions menées par les forces espagnoles de sécurité ce jour-là, dont la participation directe potentielle des officiers espagnols à quelques-uns des meurtres.
Etant donné que le massacre a largement disparu des médias nationaux espagnols, le PSOE cherche à tout prix à étouffer l’affaire et à passer à autre chose. Or les accusations sérieuses au sujet de la responsabilité exacte des autorités espagnoles pour ce carnage montrent que l’on ne doit pas permettre que cela se produise.
Deux rapports, particuliers publiés par l’Association marocaine des droits de l’homme et l’ONG espagnole Caminando Fronteras, ont fait état d’importantes préoccupations concernant le niveau de complicité entre les autorités marocaines et espagnoles dans le cadre des tueries du 24 juin. Selon le rapport de l’AMDH, le plan employé par le Maroc contre celle-eux qui s’étaient précipité·e·s vers la barrière était spécifiquement conçu afin de montrer au gouvernement espagnol « “jusqu’où [ses forces de sécurité] étaient capables d’aller afin de contrecarrer les flux migratoires, maintenant que l’Espagne était redevenue son alliée. »”
Autrement dit, les Marocains cherchaient à faire bonne impression, comme c’était le premier franchissement en masse de la barrière depuis la concession historique de politique étrangère faite par le premier ministre PSOE, M. Sánchez, en mars dernier. Sánchez avait cherché à mettre un terme à une impasse tendue entre les deux pays au sujet de l’ex-colonie espagnole du Sahara occidental moyennant un marché diplomatique. Il mettait fin à des décennies de politique espagnole concernant le territoire, ainsi qu'à la position adoptée par les Nations Unies, en soutenant un plan visant à rendre officiel le régime brutal d'occupation du Maroc, faisant fi à l'opposition de la population sahraouie. En échange, le gouvernement espagnol obtenait t un nouvel accord bilatéral portant sur la lutte contre le « "crime organisé »" et « "l'immigration irrégulière »" qui permettrait au Maroc d’adopter une approche plus agressive de maintien de l'ordre aux frontières méridionales de l'Espagne.
Suite à ce nouvel accord qui définit de manière explicite l’immigration irrégulière comme une activité criminelle, les conditions du côté marocain de la frontière à Melilla s’étaient vite dégradées pour les personnes originaires des pays sub-sahariens. Les camps autour du mont Gurugú à vingt kilomètres de Melilla « “s’étaient transformés en zone de guerre »” selon le rapport de Caminando Fronteras. « “Il y avait deux ou trois descentes hebdomadaires de la police militaire, qui à chaque fois se servait de stratégies plus agressives et utilisait de plus en plus du matériel militaire. »”
Les rescapé·e·s qui ont parlé à Jacobin ont confirmé qu’à la veille de l’affrontement de juin, le désespoir allait en grandissant au sein de la communauté des migrant·e·s. « “Nous ne pouvions pas sortir dans la rue ni acheter des vivres auprès des autochtones comme il y avait des policiers et des mouchards partout, » comme le raconte Steven, un rescapé du Sud-Soudan, à Jacobin. «“Pendant notre dernière semaine à Gurugú, les Marocains ont attaqué mon camp à trois reprises et ils ont volé les aliments et les portables des gens. »
« Trois nuits avant [le massacre], la police marocaine a fait une descente dans notre camp dans les montagnes et ils ont tiré sur ma jambe avec une balle en caoutchouc », se souvient Magdy. « “Après ça, nous avons décidé d’essayer d’atteindre Melilla.»”
Or, selon les deux rapports de l’AMDH et de Caminando Fronteras respectivement, les 1 500 personnes qui se sont rendues à la frontière le 24 juin en étant « épuisées, persécutées et mal nourries »” se sont aperçues qu’elles étaient tombées dans un piège. Au lieu de tenter de disperser les migrant·e·s vers le territoire ouvert le long de la route de six kilomètres vers la frontière, la police marocaine a permis à la majorité du groupe d’atteindre et de pénétrer sans entrave dans le passage frontalier étroit du Barrio Chino avant de les encercler. Cela garantissait que les migrant·e·s n’auraient pas de voie de sortie, mais également qu’iels avaient déjà jeté les pierres ou les bâtons qu’iels portaient pour se défendre des attaques marocaines (puisqu'iels étaient concentré·e·s sur l'escalade de la barrière).
« ‘’C’est à ce moment que les premières victimes sont tombées, »” insiste l’AMDH. « “L’emploi massif des gaz lacrymogènes dans un espace étroit et pris d'assaut, une situation sans précédent à cette frontière »’’ qui a débouché sur une mêlée frénétique, un manque de vision, et des chutes inévitables depuis les hauteurs des barrières. »” Issa, un Soudanais de vingt-trois ans se rappelle qu'il y avait «tellement de gaz que nous ne pouvions ni respirer ni voir quoi que ce soit. On pouvait à peine ouvrir les yeux. »”
Ensuite, « “après plus d’une heure de bombardement »” et avec l’arrivée des renforts, des centaines de gendarmes marocains ont pris d’assaut direct celleux qui étaient piégé·e·s dans le passage frontalier, occasionnant des écrasements mortels contre la barrière espagnole. Il ne s’agissait pas question d’une « “riposte aux violences des migrant·e·s armé·e·s » comme l'avance la version officielle maroco-espagole, mais plutôt de « “réprimer [des personnes en grande majorité désarmées] afin de stopper à tout prix leur progression vers Melilla »", conclut le rapport de l'AMDH.
Or, comme le document de Caminando Fronteras le signale, il était également question de la « “violence coordonnées, »” puisque la police espagnole a aussi tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre celleux qui étaient piégé·e·s dans le passage frontalier. Le rapport de l’AMDH est sur la même ligne accord: « “L’intervention répressive du côté espagnol était sans doute à l’origine de l’augmentation des victimes asphyxiées. »” Le rapport «“ démontre le niveau de coordination locale entre les deux [polices]. Tirés dans des directions opposées, les gaz lacrymogènes marocains et espagnols se sont mélangés pour causer un maximum de dégâts. »"
« “Quand j’ai visité la zones quinze jours après, il y avait encore des centaines de cartouches de propulsion et bidons de gaz de la Garde Civile [(espagnole]) jonchant la frontière, »” raconte Iñarritu à Jacobin. «“Les rescapé·e·s avec lesquel·le·s je me suis entretenu ont décrit un nuage permanent de gaz dont on ne pourrait s’échapper.”
Une autre accusation grave porte sur la décision des autorités espagnoles de ne pas avoir rouvert leur porte au passage frontalier quand il était déjà évident qu’il y aurait des écrasements mortels vu la charge de la police marocaine. Avec l'asphyxie par les gaz, ces écrasements ont été l'autre cause majeure des décès, selon le rapport de l'AMDH.
« “Pourquoi n’avez-vous pas ouvert la porte ?, »” a demandé Iñarritu au Ministre de l’intérieur Fernando Grande-Marlaska au Congrès espagnol :
Vous aviez des caméras dans cette zone pointées dans la direction [de l’écrasement] ainsi que des officiers de la Garde Civile de l’autre côté de la porte . . . et le drone et l’hélicoptère en-haut . . . . Si vous [les forces de sécurité] saviez ce qui se passait, et j’en suis sûr que c'est le cas, pourquoi n’avez-vous pas ouvert la porte?
Le Ministre n’a pas voulu répondre à la question. Mais Urbán, insiste sur le fait que « “beaucoup de vies auraient pu être sauvées s’ils avaient ouvert la porte et proposé au gens une sortie de cette piège mortelle. »” Mais comme un représentant de l’ONG Solidarity Wheels, basée à Melilla, a informé Jacobin, « “Quand il y des tentatives d’escalade de la barrière aucun ordre n’est jamais donné pour ouvrir les portes. C'est plutôt toujours pour les verrouiller- les objectifs de protéger des vies ou d’éviter les blessures sont complètement étrangers à l’approche adoptée pour la gestion de la frontière. »”
Une autre question en suspens pour les autorités espagnoles était la présence de la police marocaine à la frontière à Melilla, qui opérait « en bonne intelligence avec les forces de sécurité espagnoles » ‘ en repoussant une centaine de réfugié·e·s potentiel·le·s de l’autre côté de la frontière.
Le ministre Marlaska n’a pas voulu s'exprimer sur ce point mais nous voulons savoir qui a donné l’ordre permettant aux forces de sécurité marocaines d’opérer sur le sol espagnol, ce qui est sans précédent, et encore, quel était le genre de coordination entre les autorités qui a été mise en place dans le cadre de ces refoulements, affirme Iñarritu.
Le rapport de Caminando Fronteras souligne que ces refoulements se sont produits « “malgré les scènes de torture et des traitements inhumains et dégradants, dont les autorités espagnoles étaient des témoins oculaires. »” En effet, la phase finale de l’opération policière marocaine était «“ la plus choquante, »” selon l’AMDH. « “Les demandeur·euse·s d’asile gisaient par terre, essoufflé·e·s, blessé·e·s, s’évanouissant et épuisé·e·s, iels ont reçu des coups de pied et ont été battu·e·s par les agents marocains »” et ensuite «“ traîné·e·s sous les coups de matraques vers une zone de concentration »” où iels étaient entassé·e·s les un·e·s sur les autres. « “Je ne me rappelle de rien, »” a dit un rescapé au journal El Diario. « “J’ai perdu connaissance et tout d’un coup je me suis retrouvé au Maroc, entouré de mes frères tirés au sol. »”
Aussitôt les premières ambulances marocaines arrivées sur les lieux, la dissimulation a commencé- les autorités marocaines profitant des services d’urgence afin de retirer les mort·e·s d’abord au lieu de soigner les blessé·e·s. En même temps, des centaines de rescapé·e·s, dont des blessé·e·s graves, ont passé des heures sans soins médicaux sous un soleil de plomb. et Ils ont ensuite été, déportés, iels étaient obligé·e·s de monter dans des cars qui les ont emmené·e·s dans des villes de l’intérieur du Maroc, situées à des centaines de kilomètres. El País et l'AMDH ont confirmé au moins un cas d’un ressortissant soudanais, Abdenacer Mohamed Ahmed, originaire du Darfour, qui a succombé des suites de ses blessures dans l'un de ces cars.
Malgré ces graves allégations sur la responsabilité de l'Espagne vu le bilan du massacre, lorsque le ministre de l'Intérieur Marlaska s'est finalement présenté devant le Parlement espagnol à la mi-septembre pour répondre aux questions, il a tout simplement répété le mantra selon lequel l'emploi de la force par la police avait été « "approprié et proportionné »", refusant une fois de plus de critiquer les actions du Maroc. Face à une telle intransigeance, l'incapacité de Unidas Podemos à tenir responsable son partenaire de coalition et les forces de sécurité de l'État est évidente. Cela met également à nu, une fois de plus, les limites sérieuses de sa participation en tant qu’allié mineur du gouvernement.
Le groupe parlementaire Unidas Podemos a ouvertement critiqué les commentaires de Marlaska, mais à part cela, il s’est largement concentré sur des critiques générales du « “racisme »” et de « “l’inhumanité »” du régime frontalier euro-espagnol tout en minimisant les accusations spécifiques de violations des droits humains qui visent les forces de sécurité relevant de la compétence du gouvernement. Au-delà de ces équivoques, le massacre de Melilla doit être considéré comme un moment décisif pour la coalition progressiste espagnole et une conséquence logique du pivot désastreux de Sánchez en Afrique du Nord.
Le cynisme profond du dirigeant socialiste quand il s’agit de l’immigration n’a jamais été si manifeste qu’au moment de son arrangement avec le Roi du Maroc, Mohammed VI. Malgré ses grandes gestes concernant l’accueil aux réfugié·e·s afghan·e·s et ukrainien·ne·s, Sanchez a régulièrement adopté une approche punitive de l'immigration issue le long des frontières méridionales du pays. Mais avec sa trahison du Sahara occidental (une cause de grande importance émotionnelle pour la gauche espagnole), il a parié sur une nouvelle phase de répression de la part du Maroc comme étant la clé de la sécurité des frontières de l'Espagne - une position qui ne peut avoir d'autre issue allait qu'toujours se terminer par un bain de sang…
« “Aucun pays européen n’a poussé la violence des frontières militarisées jusqu’à ce point, »” insiste Urbán. “ « Si on permet à ce que [ce massacre] survienne sans qu’il n’y ait de conséquences, nous nous trouverons dans une situation où tout est permis. »” Il poursuit son propos en insistant sur la responsabilité de la gauche espagnole, qui n’a pas eu de prise de position face aux violations indiscutables des droits humains:
Unidas Podemos et la gauche parlementaire plus largement ne veut pas s’appesantir là-dessus et elle se prête donc à un sentiment d’impunité totale. Que diraient la gauche espagnole et européenne si, mettons, l’année prochaine Viktor Orbán ouvre le feu sur des refugié·e·s se trouvant aux frontières hongroises ? La gauche doit au moins demander la démission de Marlaska après ce que nous avons vu. Ne pas le faire crée un dangereux précédent.
La récompense du Maroc pour le prix du carnage à Melilla a pris la forme d'une augmentation de 500 millions d'euros de plus dans le cadre du financement que l’UE lui envoie afin de combattre l’immigration clandestine, a-t-on annoncée en août. Or la violence ne s’est pas apaisée puisque le Maroc poursuit toujours son rôle de garde-frontière externalisée de l’Espagne. Le 12 septembre, la police marocaine a ouvert le feu sur un groupe de trente-cinq personnes qui étaient sur le point d’embarquer sur un bateau en bois, un cayuco, du sud du Maroc vers les îles Canaries espagnoles. Une femme d’une vingtaine d’années a été tuée d’une balle dans la poitrine, deux autres ont été blessées par balles et deux personnes de plus ont été écrasées par une Jeep de la police alors qu’elles cherchaient à fuir.
De retour Melilla, Imran pense se rendre sur la partie continentale de l’Espagne une fois qu'il aura obtenu ses documents, tout comme Steven, qui est un autre des 130 demandeur·euse·s d'asile ayant réussi à rester à Melilla le 24 juin. En parlant au Centre de séjour temporaire des immigrés et demandeurs d'asile (CETI), à 150 mètres de la barrière frontalière, ce dernier explique :
J’ai quitté le Sud Soudan du Sud il y a six ans en traversant le Soudan, l’Egypte, la Libye, le Niger et l’Algérie. Je suis resté deux ans en Libye, plus dix mois au Maroc, principalement dans les montagnes. Actuellement je veux m’installer en Espagne et bâtir mon avenir ici.
Mais Imran pense aussi à ses ami·e·s déporté·e·s au sud du Maroc. « “Iels sont épuisé·e·s et démoralisé·e·s après tout ce qui leur est arrivé. »” « “Il leur est impossible de retourner à Nador [la ville marocaine à la frontière de Melilla], »” ajoute- il. « “Il y a encore beaucoup d’agents de sécurité dans la zone. Mais dans les mois à venir, d’autres essayeront de gagner Ceuta [l’autre enclave espagnole en Afrique du Nord]. Mais d’autres encore veulent simplement rentrer chez elleux. Iels ne peuvent plus continuer. »"
Eoghan Gilmartin est écrivain, traducteur et contributeur à Jacobin, il est basé à Madrid.
Photo: fronterasur / Flickr