Cette histoire a été publiée en anglais dans Prism le 11 novembre 2022.
"Tout était électrique à partir de ce moment-là [les gens] étaient excités et impatients de passer à l'action", a déclaré Antoine Lipscomb, un membre fondateur du Free Alabama Movement (FAM) qui s'est entretenu avec Prism Reports depuis le Limestone Correctional Facility, l'une des prisons les plus grandes et les plus meurtrières de l'État, qui abrite actuellement près de 2 300 personnes.
Le Département correctionnel de l'Alabama (ADOC) classe 14 prisons de l'État comme des "établissements majeurs", et près de 17 000 personnes y sont incarcérées. De manière très inhabituelle, l'ADOC a confirmé publiquement la grève dans "tous les grands établissements de l'État" le tout premier jour de la grève. Reconnaître une grève des prisons et son ampleur va à l'encontre de la précaution qui règne habituellement dans l'administration pénitentiaire. En 2018, à l'approche de la grève nationale des prisons, les associations carcérales préconisaient le recours à des campagnes de désinformation face à la résistance des détenu·e·s, afin de gérer les perturbations et de décourager toute nouvelle mobilisation.
Tout en reconnaissant la grève, un porte-parole du gouverneur a déclaré que les demandes des grévistes incarcéré·e·s étaient "déraisonnables et ne seraient clairement pas les bienvenues en Alabama." Les revendications de la grève comprenaient :
Selon les défenseur·e·s des droits de l'homme, loin d'être "déraisonnables", ces changements constitueraient un programme de décarcération substantiel. Ils permettraient également de remédier à la surpopulation anticonstitutionnelle des prisons d'Alabama et d'accroître les possibilités de retour des détenu·e·s dans leur communauté.
La grève du travail s'est poursuivie pendant trois semaines dans au moins cinq prisons avant que les prisonnier·ère·s ne reprennent le travail dans tous les établissements. Bien que les revendications des grévistes ne soient toujours pas satisfaites, les organisateur·rice·s, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des prisons, sont rendu·e·s optimistes par l'organisation de la grève et le soutien massif dont elle a bénéficié. Contrairement à la déclaration de l'ADOC selon laquelle la grève a "pris fin", les organisateur·rice·s incarcéré·e·s décrivent la grève comme ayant simplement été suspendue.
"Cela va reprendre", a déclaré Lipscomb, ajoutant que les organisateur·rice·s et les partisan·e·s incarcéré·e·s se reposent, se regroupent et discutent de la stratégie à adopter. Pour beaucoup de celleux qui ont participé aux grèves, les futures grèves ou protestations ne sont pas seulement des moyens de décarcération, elles sont aussi une question de survie et de possibilité de vivre au-delà de l'incarcération.
Bien avant que la loi des Trois prises (Three strikes law, disposition législative en vigueur aux États-Unis, tant au niveau fédéral qu'au niveau de plusieurs États, permettant ou contraignant les juges à prononcer des peines de prison perpétuelle à l'encontre d'un·e prévenu·e condamné·e pour la troisième fois pour un délit ou un crime) ne soit popularisée sous l'ère Clinton dans les années 90, la version de l'Alabama, la loi de 1977 sur les délinquant·e·s récidivistes, a suscité l'ire des universitaires et du personnel des établissements pénitentiaires en 1985, qui affirmaient que les peines de prison à vie sans libération conditionnelle supprimaient "toute incitation à la bonne conduite" et alimentaient "la frustration et la rage, qui à leur tour provoquent des émeutes dans les prisons et des menaces contre le personnel". Actuellement, 75 % des détenu·e·s condamné·e·s à mort dans les prisons de l'Alabama en vertu de la loi sur les délinquant·e·s récidivistes sont noir·e·s, alors que les Noir·e·s représentent moins de 27 % de la population de l'État.
Par ailleurs, l'une des principales motivations de la participation massive à la grève est la commission de libération conditionnelle draconienne de l'État. En juillet, plus de personnes sont mortes dans les prisons de l'Alabama que de personnes ayant bénéficié d'une libération conditionnelle. Cette année, la commission de libération conditionnelle de l'Alabama a révoqué la libération conditionnelle dans 67% des audiences, soit un taux six fois supérieur à celui des libérations conditionnelles. Selon les données de l'ADOC, leur taux d'octroi de la libération conditionnelle est passé de 54 % des détenu·e·s éligibles en 2017 à 6 % en août dernier. Dans une interview récente avec le Montgomery Advisor, l'activiste Diyawn Caldwell a déclaré : "Il y a plus de gens qui sortent de prison dans des sacs mortuaires que grâce à la liberté conditionnelle."
Les militant·e·s estiment que si, individuellement, les changements demandés par la grève peuvent avoir un impact minime sur le taux d'incarcération de l'État, ensemble, ils offriraient à des milliers de prisonnier·e·s des possibilités élargies de libération. De manière cruciale, la grève est une tentative de combattre le désespoir qui découle d'une incarcération indéfinie, sans voie prévisible vers la liberté.
Selon les prisonnier·e·s, ce désespoir est un ingrédient essentiel de la violence et de la consommation de drogues qui font des prisons de l'Alabama les plus meurtrières du pays. Après six ans d'examen, le ministère de la Justice a décrit l'enfermement dans les prisons de l'ADOC comme des "déficiences constitutionnelles". Cet examen minutieux n'a cependant produit aucune amélioration tangible. Le taux de mortalité dans les prisons de l'Alabama a plus que quintuplé depuis 2005, passant de 33 décès en 2005 à 173 en 2021.
Les méthodes utilisées par les responsables de l'État d'Alabama pour réprimer la résistance de la grève illustrent encore mieux la façon dont les personnes incarcérées souffrent des caprices du système carcéral. Les visites familiales ont été annulées, les prisons ont mis en place de nouvelles "mesures de sécurité", la Corrections Emergency Response Team (connu à l'intérieur sous le nom de riot squads ou goon squads) a été déployée, le prisonnier activiste Robert Earl Council, alias Kinetik Justice, a été placé à nouveau en isolement, et ADOC a utilisé la grève comme prétexte pour réduire le nombre de repas.
Les responsables ont affirmé que le passage à deux repas froids par jour dans les principaux établissements pour hommes était une question de logistique, arguant que sans la main-d'œuvre carcérale, ils ne disposaient pas des travailleurs nécessaires pour préparer trois repas par jour pour près de 23 500 personnes. Les prisonniers ont qualifié cette pratique de "bird feeding", une tentative d'affamer les prisonniers pour les soumettre. Les prisonniers ont fait valoir que ces repas ne répondaient pas aux besoins des prisonniers ayant des restrictions alimentaires et des problèmes de santé, mettant ainsi davantage de vies en danger. L’ADOC a également publié une déclaration sur la santé d'un prisonnier nommé Kastello Demarcus Vaughan afin de réfuter les allégations de négligence médicale.
Dans ces circonstances, les organisateur·rice·s incarcéré·e·s annoncent qu'une grève généralisée, et leurs revendications sous-jacentes, ne devraient pas constituer une surprise.
"Nous sommes en présence de personnes qui réalisent enfin qu'elles vont mourir ici", a déclaré K. Shaun Traywick, alias Swift Justice, actuellement incarcéré au centre correctionnel de Fountain. "Une fois qu'iels l'ont suffisamment entendu, une fois qu'iels le voient dans les actions de l'ADOC et de la commission de libération conditionnelle et de la société, iels finissent par se rendre compte que c'est peut-être mieux que nous [fassions grève]. Peut-être que cela fera la différence".
Les médias locaux de l'Alabama ont qualifié la grève d’un "mouvement sans précédent" porté par des personnes incarcérées. Si la durée, la discipline et l'ampleur de la grève constituent des développements monumentaux dans le mouvement des prisonnier·ère·s, la grève est en fait le prolongement de nombreuses actions similaires menées ces dernières années. La résistance des prisonnier·ère·s, y compris les grèves du travail et de la faim, les boycotts et d'autres formes de désobéissance organisée comme les "sit-downs", a une histoire aussi longue que l'incarcération elle-même. Aux États-Unis, l'histoire captivante et tragique de la rébellion d'Attica et du massacre qui y a mis fin en est la meilleure illustration.
La grève du travail des prisonnier·ère·s en Géorgie en 2010 est souvent citée par les organisateur·rice·s incarcéré·e·s d'aujourd'hui comme le point de départ et la source d'inspiration d'une nouvelle phase de résistance des prisonnier·ère·s. Les grévistes ont communiqué leurs revendications aux responsables des prisons de l'État et à la presse, notamment la demande de versement d'un salaire décent aux travailleur·euse·s, soulignant que les prisonnier·ère·s de Géorgie ne recevaient aucun salaire, ce qui, selon eux, violait l'interdiction de l'esclavage et de la servitude involontaire prévue par le 13e amendement. Cette revendication a ensuite été adaptée pour rejoindre celles du mouvement visant à abolir les clauses d'exception des lois anti-esclavagistes. Ce mouvement a été suivi par de nombreux·ses défenseur·e·s de la législation, mais il n'a pas encore conduit à la décarcération ou à des changements dans les pratiques de travail.
Comme l'a noté le New York Times, les téléphones portables étaient déjà présents dans les prisons depuis un certain temps, mais il s'agissait du premier exemple connu de personnes incarcérées les utilisant pour coordonner la résistance dans différents établissements. Ils sont également devenus un outil essentiel pour contourner la capacité du système pénitentiaire à surveiller et à empêcher leur communication, non seulement entre eux, mais aussi avec le grand public et la presse, souvent via les médias sociaux.
L'année suivante, les personnes incarcérées dans la prison d'État supermax de Pelican Bay, en Californie, ont entamé des grèves de la faim massives et itinérantes, qui ont fini par toucher plus de 30 000 prisonnier·ère·s dans l'État, en plusieurs phases sur trois ans. Les organisateur·rice·s incarcéré·e·s ont favorisé un accord pour mettre fin aux hostilités à l'intérieur des prisons et ont mobilisé un large rassemblement extérieur de solidarité, composé de familles et d'activistes. Les grévistes ont soulevé de nombreux problèmes, mais les plus importants étaient la pratique californienne de l'isolement à durée indéfinie, en particulier pour les personnes classées comme "membres de gangs", et son processus de "débriefing", qui exigeait des prisonniers qu'ils fournissent des informations sur les "activités des gangs" pour obtenir leur libération de l'isolement. L'ONU a qualifié l'isolement de 15 jours ou plus de torture, et les prisonnier·ère·s ont affirmé que cette pratique équivalait à de la torture, sans accès à une procédure régulière ou à des voies de recours.
Bien que les résultats de ces grèves et de l'action en justice qui en découle aient été variés, complexes et partiels, les grèves constituent un exemple puissant de la manière dont une action dynamique, allant de l'intérieur vers l'extérieur, peut modifier les politiques et les pratiques, pouvant ouvrir des questionnement sur de nouvelles contradictions et de nouveaux domaines de lutte contre le système carcéral. Par exemple, le FAM (Free Alabama Movement) a adopté de nombreuses tactiques et leçons tirées des grèves du travail en Géorgie dans ses activités. En 2014, des activistes incarcéré·e·s ont lancé deux grèves en Alabama, dont la plus importante a conduit à la fermeture de deux établissements - St. Clair et Holman - qui, à l'époque, incarcéraient environ 2 400 personnes. En outre, FAM a publié "Let The Crops Rot In The Fields", un manifeste qui allait inspirer la coordination de grèves nationales de prisonnier·ère·s, dont la première a été menée par FAM en 2016 et soutenue par la jeune organisation de solidarité entre intérieur et extérieur, le Comité d'Organisation des Travailleurs Incarcérés des Travailleurs Industriels du Monde (IWOC-IWW).
Lors de la grève nationale des prisons de 2016, " des débrayages, des suspensions de détenu·e·s et des grèves d'unités complètes d'au moins 24 heures ont été signalés dans 31 établissements ", qui accueillaient environ 57 000 personnes incarcérées dans 24 États, selon Brian Nam-Sonenstein, de Shadow Proof. La répression contre la grève était généralisée. L'année suivante, Jailhouse Lawyers Speak, un groupe de juristes incarcéré·e·s et de défenseur·e·s des droits humains qui s'organisaient à l'échelle nationale, a lancé une marche pour les droits humains intitulée Millions for Prisoners, avec le soutien d'organisations extérieures. Les responsables des prisons de Floride étaient si inquiet·e·s de l'action de solidarité à l'intérieur qu'iels ont enfermé les quelque 100 000 prisonnier·e·s de l'État. La marche a été suivie par l'Opération PUSH en 2018.
Depuis 2018, les organisations extérieures ont pris différentes directions, certaines étant plus axées sur la politisation et la construction d'infrastructures. Les actes de résistance les plus fréquents des personnes incarcérées ont eu lieu à des échelles plus locales et régionales, contre des conditions auxquelles les autorités locales peuvent directement s'attaquer. Bien que ces efforts aient connu quelques victoires, il n'y a pas eu de campagne généralisée à l'échelle de l'État ou du pays menée par des personnes incarcérées au cours des quatre dernières années.
Dans le sillage de la grève nationale de 2016, des organisations de personnes incarcéré·e·s comme Jailhouse Lawyers Speak ont pointé leurs inquiétudes quant à l'efficacité des grèves du travail comme seule tactique pour galvaniser l'action collective des détenu·e·s. Avoir un emploi peut affecter de manière significative les circonstances d'une personne pendant son incarcération. Les dispositions relatives au travail dans les prisons varient d'un État à l'autre, et dans certains États, il est assez rare que les détenu·e·s aient un emploi. Des organisateur·rice·s emprisonné·e·s ont noté des cas où les administrateur·rice·s de prison échangent certains privilèges contre des emplois, comme de meilleures conditions de logement, une plus grande liberté de mouvement, un meilleur accès à l'économat ou aux téléphones, et peut-être plus de temps à l'extérieur. Stevie Wilson, actuellement incarcéré en Pennsylvanie, et l'ancien prisonnier politique James Kilgore, soulignent que la précarité des emplois à l'intérieur des prisons associée à l'attrait des privilèges spéciaux rendent encore plus difficile de convaincre les personnes incarcérées de sacrifier ces emplois et de se solidariser avec les efforts de grève.
En outre, les personnes incarcérées dans une certaine forme d'isolement n'ont pas d'emploi, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas matériellement participer à une grève du travail. La grève nationale de 2018 a abordé ce problème en élargissant le répertoire tactique de la résistance pour inclure le boycott des économats, des actes de protestation comme les "sit-downs", les grèves de la faim et les grèves du travail. Si cela a pu permettre à davantage de détenu·e·s de participer, cela peut aussi potentiellement rendre la participation à la grève moins lisible pour les médias, et il peut être plus facile pour les fonctionnaires de nier et de réprimer les grévistes.
Depuis 2018, les organisateur·rice·s ont discuté de la possibilité d'organiser d'autres grèves majeures dans les prisons, mais miné·e·s par les préoccupations quant à un potentiel manque de soutien pour monter une une action collective, ces grèves n'ont pas abouti. Swift Justice a initialement déclaré qu'il s'était retiré de l'organisation de la dernière grève en Alabama, citant la définition de la folie souvent attribuée à tort à Albert Einstein : "Faire la même chose encore et encore et s'attendre à des résultats différents."
Malgré le pessimisme entourant la participation et le soutien à la grève, la grève d'Alabama parmi les travailleur·euse·s incarcéré·e·s a défié les attentes et a été fortement retransmise sur les réseaux sociaux et les chaines locales au cours du mois dernier, souvent avec le hashtag #ShutdownADOC2022.
Swift Justice travaille dans un "dortoir d'honneur" à ADOC, un espace carcéral que certains ont qualifié d'inhospitalier à l'organisation de protestations collectives, et a été choqué par le niveau de solidarité et d'engagement qu'il a vu chez les autres personnes incarcérées, dont la plupart, dit-il, "ne pourraient pas s'en sortir dans la population générale". Défiant les idées reçues, il a déclaré que ce sont précisément les travailleur·euse·s ayant potentiellement le plus à perdre en participant à la grève qui ont eu le plus d'impact. Beaucoup de ces travailleur·euse·s contrôlaient les tâches essentielles à la vie à l'intérieur des prisons - cuisine, nettoyage, enlèvement des ordures, blanchisserie - ce qui leur a permis de fermer l'ensemble du système carcéral d'Alabama.
"Le maillon le plus faible s'est en fait transformé en maillon le plus fort", a déclaré Swift Justice.
Le New York Times et l'ADOC ont tous deux laissé entendre dans leurs reportages que les activistes extérieur·e·s avaient une influence significative sur les activités de grève à l'intérieur des prisons d'Alabama, mais l'ampleur de la grève et les réponses des personnes incarcérées démentent cette idée. Un·e prisonnier·ère qui s'est entretenu·e avec Prism Reports et qui a souhaité garder l'anonymat a reconnu que les prisonnier·ère·s apprécient le soutien extérieur et l'organisation de manifestations de solidarité, mais iel s'est moqué·e de l'idée selon laquelle les gens de l'extérieur ouvrent la voie ou coordonnent l'action de ceux de l'intérieur.
"Vous savez que les choses ne fonctionnent pas comme ça", a-t-iel dit.
M. Lipscomb attribue l'engagement soutenu de la récente grève aux frustrations des personnes incarcérées à l'égard du système de libération conditionnelle et à leur crainte de mourir avant de pouvoir être libérées. Plus important encore, il pense que l'investissement à long terme que les activistes comme FAM ont réalisé en s'engageant dans une éducation politique de masse avec leurs pair·e·s incarcéré·e·s porte ses fruits. Les personnes incarcérées en Alabama ont étudié l'organisation du Black Panther Party et les pensées de personnalités comme Kwame Ture, anciennement connu sous le nom de Stokely Carmichael.
Selon Lipscomb, le soutien des organisations de la rue, qui ont une influence considérable à l'intérieur des prisons, a été essentiel.
"Ils nous permettent de faire de l'enseignement et du réseautage dans une paix et une solidarité comme je n'en ai jamais vu auparavant", a déclaré Lipscomb. "Je félicite les jeunes pour leur courage et leur respect de la pensée révolutionnaire et du changement".
Alors que les activistes incarcéré·e·s se regroupent et discutent du moment et de la manière de reconvoquer la grève, iels le font avec une capacité avérée à provoquer une grève puissante et généralisée contre les activités des prisons en Alabama.
"J'étudie l'histoire, et la lutte a toujours fait partie de la vie", a déclaré Lipscomb. "J'étudie donc celleux qui m'ont précédé·e·s comme guide pour [nous] amener là où nous essayons d'être, et c'est la liberté."Prism est une rédaction indépendante et à but non lucratif dirigée par des journalistes de couleur. Nous faisons des reportages à partir de la base et aux intersections de l'injustice.
Jared Ware est un journaliste indépendant qui couvre principalement les mouvements sociaux et l'organisation des prisonnier·ère·s. Il est le co-animateur et producteur du podcast Millennials Are Killing Capitalism (les Milléniaux sont en train de tuer le capitalisme).