Briefing

Bulletin IP | N° 8 | Le journalisme en procès

Les États-Unis s'en prennent à Assange pour avoir dénoncé leur machine de guerre.
Dans le 8e Bulletin de 2024 de l'Internationale Progressiste, nous vous donnons des nouvelles de la Haute Cour de Londres où l'affaire d'extradition de Julian Assange a été entendue cette semaine. Si vous souhaitez recevoir notre Bulletin dans votre boîte de réception, vous pouvez vous inscrire en utilisant le formulaire au bas de cette page.

Alors que les puissances occidentales alimentent un génocide à Gaza qui a tué des dizaines de journalistes et écrasé la liberté de la presse dans toute la Palestine, le journalisme lui-même a été jugé cette semaine.

Mardi et mercredi, la Haute Cour de Londres a siégé pour entendre l'affaire de l'extradition de Julian Assange vers les États-Unis. L'un des deux juges, le juge Jeremy Johnson, a été spécialement autorisé par les autorités britanniques à accéder à des informations top secrètes et a représenté l'agence d'espionnage britannique MI6 et le ministère de la défense.

S'il est extradé, M. Assange risque 175 ans dans une prison supermax. Son seul crime : la révélation par Wikileaks des crimes de guerre occidentaux en Afghanistan, en Irak et au-delà. L'arrêt de la Haute Cour ne décidera pas seulement de la liberté d'Assange. Il déterminera également le droit de savoir ce que nos gouvernements font en notre nom. Assange n'est pas le seul à être jugé. Le journalisme lui-même est en procès.

Mardi, la défense de M. Assange a défendu sa liberté, notre droit de savoir et le droit des journalistes à la liberté d'expression. Ils ont fait valoir que non seulement M. Assange est déjà gravement malade depuis ses cinq années passées à la prison de Belmarsh - il s'est cassé une côte simplement en toussant en décembre et était trop malade pour assister au procès, même par liaison vidéo - mais qu'il ne peut pas bénéficier d'un procès équitable aux États-Unis, étant donné que la CIA avait prévu de l'assassiner.

Le procès intenté par les États-Unis contre M. Assange est essentiellement politique. Son journalisme de croisade a révélé leurs crimes et mis dans l'embarras leurs agences à trois lettres. C'est pourquoi il est le premier journaliste de l'histoire à être inculpé en vertu de la loi américaine sur l'espionnage. Ce seul fait devrait annuler l'affaire d'extradition ; les délits politiques sont exemptés d'extradition en vertu du traité entre les États-Unis et le Royaume-Uni.

Ironiquement, étant donné que le journalisme lui-même était en procès, l'accès des journalistes au suivi des procédures a été extrêmement restreint. Tout d'abord, seul·es les journalistes d'Angleterre et du Pays de Galles ont pu accéder à la retransmission en direct, et le son de cette retransmission a été interrompu. Ensuite, les journalistes qui ont pu pénétrer dans la Haute Cour ont dû se contenter d'une « galerie sans tables pour prendre des notes ou utiliser des ordinateurs », où ils n'ont pas pu « entendre ou regarder l'audience correctement », selon la journaliste italienne Stefania Maurizi.

L'audience s'est terminée sans jugement, pour lequel il faudra probablement attendre des semaines. Entre-temps, la campagne en faveur de la liberté d'Assange prend de l'ampleur.

L'extérieur de la Cour a accueilli d'importantes manifestations et une foule de médias internationaux, où plusieurs personnalités de l’IP et des membres du tribunal Belmarsh se sont adressé·es aux manifestant·es et aux médias. Comme l'a fait le Tribunal Belmarsh, les orateur·trices ont décrit comment la liberté de Julian Assange représente la liberté de la presse, qui représente l'opposition à la machine de guerre.

L'Internationale Progressiste se battra jusqu'à ce qu'elle soit démantelée.

Dernières nouvelles du Mouvement

Coup d'État souterrain en Colombie

Depuis que Gustavo Petro est arrivé au pouvoir en tant que premier président de gauche de la Colombie en 2022, il a été confronté à des attaques incessantes de la part de la classe dirigeante pour empêcher ses réformes progressistes. Le droit a été la principale arme de réaction et se transforme en un coup d'État souterrain. Regardez la sénatrice Clara Lopez, membre du Conseil de l'IP, présenter une vue panoramique de ce coup d'État qui ne dit pas son nom dans une vidéo ici.

L'occupation israélienne en procès

L'occupation israélienne de la Palestine a été jugée par la Cour internationale de justice cette semaine. 52 pays et trois organisations internationales ont participé aux procédures de la CIJ, soit plus que pour toute autre affaire dans l'histoire de la Cour depuis 1946. Cette affaire est distincte de celle de l'Afrique du Sud concernant la Convention sur le génocide. Elle fait suite à une demande de l'Assemblée générale des Nations unies, en décembre 2022, visant à ce que la CIJ se prononce sur les pratiques d'Israël dans le territoire palestinien occupé de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.

Une fois de plus, les États-Unis ont cherché à protéger Israël dans les enceintes internationales. Après avoir opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu à Gaza mardi, les États-Unis ont saisi la CIJ à La Haye pour s'opposer à toute décision de la Cour stipulant qu'Israël doit se retirer de Gaza et de la Cisjordanie, en invoquant des « besoins très réels en matière de sécurité ».

Lina Attalah libérée sous caution

Lina Attalah, rédactrice en chef de Mada Masr, partenaire de la Revue de l’IP, a été libérée sous caution mardi après que le parquet d'appel du Caire l'a interrogée sur les accusations de « publication de fausses nouvelles » et de « gestion d'un site web sans licence », a déclaré l'avocat du site web, Hassan al-Azhari.

L'affaire, qui n'a pas encore fait l'objet d'une enquête approfondie, a été ouverte par le ministère public l'année dernière à la suite d'une plainte déposée par l'autorité de régulation des médias de l'État au sujet d'un rapport publié par Mada Masr concernant le déplacement potentiel de Palestinien·nes de Gaza vers l'Égypte.

Lina Attalah a été interrogée pendant près de deux heures mardi, lors d'une séance à laquelle ont assisté M. Azhari, son confrère Ragia Omran et des avocats de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels, de la Commission égyptienne pour les droits et les libertés et du Syndicat des journalistes. Mahmoud Kamel, membre du conseil du syndicat, était également présent.

Interdiction du lobby d'Amazon

Mercredi, suite à la pression exercée par les syndicats et les organisations de la société civile et à une demande officielle des législateur·ices, le Parlement européen a fait un pas de plus vers le retrait des badges de lobbying d'Amazon. La « Conférence des présidents », qui réunit les dirigeant·es des différents groupes politiques du Parlement, a recommandé aux questeur·euses - un autre organe interne élu pour superviser les questions 

administratives concernant les législateur·ices - d'interdire les représentant·es d'Amazon. La prochaine réunion des questeur·euses est prévue la semaine prochaine, mardi 27 février, à Strasbourg.

La semaine précédente, plus de 30 syndicats et organisations de la société civile, dont les membres de la coalition Make Amazon Pay UNI Europa, Corporate Europe Observatory, SOMO, Berlin vs. Amazon et d'autres, ont appuyé la demande des membres du Parlement européen de priver les lobbyistes d'Amazon de leur accès au Parlement. Dans une lettre ouverte adressée à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, et au Collège des questeur·euses, iels ont déclaré que « le mépris d'Amazon pour les institutions démocratiques de l'UE ne devrait pas permettre à l'entreprise de s'en tirer à bon compte ».

Arrestations au siège de Biden

Lundi, 21 jeunes organisé·es par le Sunrise Movement, membre de l'IP, ont été arrêté·es au siège de la campagne de Joe Biden alors qu'iels s'asseyaient pour lui demander de déclarer une urgence climatique et d'arrêter de financer le génocide des Palestinien·nes.

Les travailleur·euses du pétrole colombien·nes soutiennent l'énergie publique et propre

USO, le syndicat colombien des travailleur·euses du pétrole, membre de l’IP, a soutenu la vision du Président Gustavo Petro de transformer la compagnie pétrolière nationale, Ecopetrol, en un moteur d'énergie publique et propre. Célébrant le 102e anniversaire de la raffinerie de Barrancabermeja, le plus grand complexe industriel de raffinage de Colombie, le syndicat a déclaré :

« L'Union des travailleurs est prête à se joindre à la proposition du président Gustavo Petro de changer le modèle de gestion [d'Ecopetrol] et de participer à sa transformation en entreprise publique et en leader de la production d'énergie ».

« Ecopetrol doit être la grande entreprise nationale d'énergie propre et l'USO est tout à fait prête à mettre son expérience, ses affilié·es et ses connaissances au service de la défense de la souveraineté nationale et d'Ecopetrol ».

This Cannot Be Erased (2022) est une série d'œuvres d'art numériques de l'artiste grec Miltos Manetas, qui fait partie d'un projet plus vaste consacré à Julian Assange, « l'une des figures les plus importantes d'Internet », lancé le 23 février 2020. Miltos Manetas a créé des centaines d'œuvres d'art en solidarité avec Assange, établissant un lien entre sa détention et la nôtre pendant la pandémie, et peignant un portrait du journaliste chaque jour pendant son emprisonnement et les distribuant gratuitement. En créant et en diffusant des images, des œuvres d'art et des expositions sur Assange, notamment au Palazzo delle Esposizioni, en 2020, et à la 7e édition du Pavillon Internet de la Biennale de Venise 2022, Manetas utilise à la fois le pouvoir d'Internet et l'histoire de l'art pour s'assurer que l'histoire d'Assange n'est pas effacée, en confrontant celles et ceux qui « détiennent le monopole de nos données et de nos informations ».

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Date
23.02.2024
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