Briefing

Bulletin IP | N° 27 | Le Kenya résiste

Les Kényan·es luttent pour leur dignité et leur souveraineté.
Dans le 27e Bulletin de l'Internationale Progressiste de 2024, nous vous donnons des nouvelles du Kenya, où des manifestations ont mis en échec certaines réformes imposées par le FMI et promettent d'aller plus loin. Si vous souhaitez recevoir notre Bulletin dans votre boîte de réception, vous pouvez vous inscrire en utilisant le formulaire au bas de cette page.

Le peuple kenyan est confronté à une crise économique. L'année dernière, les prix des produits de base tels que le sucre, les carottes et les oignons ont augmenté de 50%. Le prix de la farine de maïs a doublé au cours des deux dernières années. Les salaires, quant à eux, n'ont pas suivi l'évolution des prix. Quatre-vingt-dix pour cent des Kenyan·es gagnent autant ou moins qu'en 2020.

Plutôt que d'agir de manière décisive dans l'intérêt du peuple kenyan en difficulté, le gouvernement du président William Ruto a cédé la souveraineté du Kenya au Fonds monétaire international, aux États-Unis et à l'OTAN. Cela a valu à M. Ruto la première visite d'État d'un dirigeant africain aux États-Unis en 16 ans et l'opprobre de son peuple.

L'administration Ruto a introduit un certain nombre de nouvelles taxes et a doublé la taxe sur la valeur ajoutée sur le carburant, ce qui a entraîné une hausse record des prix des produits de première nécessité. En outre, le projet de loi de finances de 2024 a augmenté les taxes supplémentaires sur les produits de consommation courante, notamment le pain, l'huile de cuisine et les serviettes hygiéniques.

En juin, les habitant·es du Kenya sont descendu·es dans les rues de Nairobi et d'autres villes pour protester contre ces hausses. En réponse, la police et les forces militaires ont barricadé les routes principales et ont agressé, gazé et exécuté les manifestant·es en plein jour.

À la fin du mois, M. Ruto a été contraint de retirer certaines des politiques imposées par le FMI. Mais l'histoire n'est pas terminée. Le peuple kenyan est désormais engagé dans une lutte pour sa souveraineté.

L'ingérence du FMI dans les affaires économiques nationales n'est pas nouvelle pour les Kényan·es. Les politiques du FMI ont été imposées à la population dans les années 1990, puis en 2011 et 2013, en parfaite conscience de leurs conséquences. C'est pourquoi, bien qu'elles aient risqué l'arrestation et la mort, tant de personnes sont descendues dans la rue pour exiger que Ruto tombe et soit remplacé par un nouveau gouvernement désireux de reconquérir la souveraineté et la dignité populaire du Kenya.

L'autodétermination du Kenya a des implications bien au-delà de l'Afrique de l'Est. En tant qu'« allié majeur non membre de l'OTAN » des États-Unis, le Kenya devient de plus en plus la pointe de la lance de l'agression impérialiste, tant au niveau régional que mondial. L'année dernière, le Kenya s'est joint aux États européens pour faire pression en faveur d'une intervention militaire au Niger. Récemment, le premier contingent de 400 policiers et policières kenyan·es est arrivé en Haïti - des mandataires des plans néocoloniaux des États-Unis pour l'île qui souffre depuis longtemps.

L'Internationale Progressiste se tient fermement aux côtés du peuple kenyan. Une victoire du peuple kenyan marquerait une défaite de l'impérialisme partout dans le monde et une étape importante dans la lutte pour la souveraineté populaire.

Dernières nouvelles du mouvement

Les progressistes britanniques s'implantent au Parlement alors que les travaillistes remportent un « glissement de terrain sans amour ».

Les élections législatives britanniques du 4 juillet ont été marquées par un rejet de la classe politique, qui s'est traduit par une victoire sans appel. Après 14 ans d'un règne misérable, les Tories, méprisés, ont été mis à la porte, obtenant moins de la moitié des voix de la dernière élection générale. Le parti travailliste avait perdu un demi-million de voix lors des précédentes élections générales, mais avait été récompensé par près de deux tiers des sièges avec seulement un tiers des voix, en raison des bizarreries du système électoral britannique.

Les trois membres du Conseil de l’IP qui se présentaient à l'élection ont conservé leur siège. John McDonnell et Zarah Sultana ont remporté les élections en tant que membres de l'aile gauche du parti travailliste, tandis que Jeremy Corbyn, l'ancien leader du parti, empêché de se présenter par le parti travailliste de Starmer, a remporté les élections en tant qu'indépendant.

Face à une administration travailliste qui ne fait rien, la droite dure - sous la direction du Parti conservateur ou du Reform UK de Nigel Farage - cherchera à former le principal pôle d'opposition. Mais il est possible qu'un bloc progressiste émerge, après que les Verts et les indépendants pro-palestinien·nes, dont Jeremy Corbyn, ont remporté neuf sièges, soit quatre de plus que le Reform UK de Nigel Farage.

Malgré l'énorme victoire sans amour des travaillistes, la politique en Grande-Bretagne est riche de possibilités, tant pour les forces de la droite réactionnaire, auxquelles les travaillistes se plieront probablement, que pour la gauche progressiste. Cette dernière peut marcher la tête haute. L'establishment britannique, y compris le parti travailliste de Starmer, a tenté d'enterrer la gauche après le choc provoqué par le fait que Corbyn ait failli devenir premier ministre en 2017. Ils ont enterré la gauche, mais seulement pour découvrir qu'ils étaient des graines.

Des quarts de travail de 10 heures, une chaleur de 35 degrés, pas de pauses toilettes

Selon une nouvelle étude d'UNI Global Union, près de 90 % des travailleur·euses des entrepôts d'Amazon en Inde sont tellement surchargé·es de travail qu'ils et elles n'ont pas le temps d'aller aux toilettes. Les travailleur·euses gagnent environ 120 dollars par mois pour effectuer des quarts de travail de 10 heures, souvent sous une chaleur de 35 degrés. L'enquête fait suite au témoignage de travailleur·euses qui s'étaient engagé·es à ne prendre aucune pause, y compris pour boire de l'eau ou aller aux toilettes, tant qu'ils ou elles n'auraient pas atteint leurs objectifs de productivité. Le scandale a été largement couvert par les médias indiens et internationaux.

Parallèlement, 3 000 travailleur·euses de l'entrepôt d'Amazon à Coventry, au Royaume-Uni, ont commencé à voter dans le cadre d'un scrutin historique de reconnaissance syndicale qui pourrait leur permettre, pour la première fois, de négocier collectivement des droits et des salaires. Ce vote constitue un premier point culminant dans la lutte syndicale chez Amazon UK après plus d'un an de grèves, au cours desquelles les travailleur·euses ont réclamé un salaire de 15 livres sterling de l'heure et un siège à la table des négociations.

Cette semaine, le syndicat GMB et ses alliés progressistes ont organisé des manifestations dans le nord et le sud de l'Angleterre, au Pays de Galles et en Écosse pour marquer le jour où les travailleur·euses ont voté pour la première fois. Lors d'un autre rassemblement devant le siège londonien d'Amazon, les dirigeant·es syndicales·aux ont remis une pétition de 30 000 signatures en faveur des travailleur·euses. Amazon ayant intensifié ses tactiques de démantèlement des syndicats avant le vote, les travailleur·euses ont besoin de tout le soutien possible. Vous pouvez manifester le vôtre en partageant un message de solidarité sur X, Facebook et Instagram. Le résultat du vote est attendu pour le 15 juillet.

Art: Ce timbre manuel Mau Mau représente le mont Kenya avec le proverbe : « MUTURI NIWE NGO YA RURIRI » (Le forgeron est le bouclier de la tribu). Entre 1952 et 1960, la rébellion des Mau Mau a été le plus long conflit anticolonial du Kenya britannique. Les femmes et les filles kikuyu ont joué un rôle important dans une résistance de type communautaire, car les combattant·es de la liberté mau mau ont riposté à partir des forêts et des zones montagneuses où les femmes locales occupaient des postes de direction.

Available in
EnglishSpanishPortuguese (Brazil)FrenchGerman
Translator
Laura Schiavetta
Date
12.07.2024
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