Dans une démonstration massive d'unité, les syndicats, les mouvements sociaux et les organisations de défense des droits humains ont investi la Plaza de Mayo le jeudi 5 décembre dans le cadre d'une journée fédérale de lutte. À l'appel de la CTA (Centrale des travailleur.euse.s d’Argentine), de divers syndicats et organisations populaires, la mobilisation a démontré le rejet du modèle économique et social du gouvernement de Javier Milei.
Laura Vales, dans un article de Página 12, a souligné que la manifestation était le résultat de trois mois de discussions entre des secteurs opposés qui cherchent à constituer un « objet collectif » pour affronter le régime libertaire.
Les responsables de la manifestation, comme Hugo Yasky et Hugo Godoy, ont accusé Milei de perpétuer un modèle qui enrichit les élites alors que la pauvreté et l'indigence ne font qu'augmenter. Yasky a souligné que « les propriétaires du pouvoir économique pillent les richesses de l'Argentine tandis que les travailleur.euse.s se voient refuser leur pain » et s'appauvrissent davantage. Pour sa part, Godoy a dénoncé le fait que les grandes sociétés financières « soutiennent un système qui pille la richesse nationale au prix de notre détresse ».
Le texte lu sur la Plaza, partagé par Indymedia Argentina Trabajadoras/es, condamne la suppression de l'État de droit social et l'avancée des politiques néolibérales sous le prétexte du « déficit zéro ». Les organisations ont souligné que ces mesures représentent une tentative de chantage visant à démanteler la justice sociale et à soumettre les institutions aux intérêts du Fonds monétaire international.
Bien que la CGT (Confédération générale du travail de la République argentine) n'ait pas participé officiellement, certains de ses syndicats étaient présents aux côtés d'organisations sociales telles que l'UTEP (Union des travailleur.euse.s de l'économie populaire) et les « curas villeros », qui ont réalisé une prière œcuménique pour défendre les cantines communautaires et les retraités. Des responsables des droits humains comme Adolfo Pérez Esquivel et Taty Almeida se sont également joints à la manifestation, dénonçant les politiques d'austérité comme une atteinte à la mémoire, à la vérité et à la justice.
Le dispositif policier, supervisé par la ministre Patricia Bullrich, comprenait des points de contrôle et des manœuvres dissuasives qui, selon un rapport de Página 12, visaient à intimider les manifestants et en particulier les piqueteuses.
La manifestation reflétait l'étendue des secteurs touchés par les politiques gouvernementales, depuis les enseignant.e.s et les travailleur.euse.s de l'État jusqu'aux exploitations agricoles familiales et aux étudiant.e.s de l'université. José Testoni, responsable de la CTA de Santa Fe, a déclaré : « La résistance est là, mais il n'y a pas de solution politique claire. Malgré cela, nous devons continuer à nous mobiliser pour empêcher la résignation de s'installer ».
Cette journée a été considérée comme une étape importante, surtout dans une année marquée par de grandes mobilisations contre le gouvernement d'extrême droite. Selon Radio Gráfica, les organisations ont réitéré leur engagement en faveur de la justice sociale et annoncé de nouvelles actions visant à maintenir la résistance en vie et à construire une Argentine plus inclusive et solidaire.
Il convient de souligner que sous le gouvernement de Javier Milei, la pauvreté en Argentine a atteint 49,9 % de la population, soit environ 23 millions de personnes. Parallèlement, l'indigence est passée de 11,9 % en 2023 à 12,9 % au troisième trimestre de cette année, selon la dernière étude de l'Observatoire de la dette sociale argentine de l'Universidad Católica Argentina. (ODSA-UCA).
Seguel Alfredo est chercheur, fondateur de Mapuexpress, communicateur de El Ciudadano couvrant les fronts des peuples indigènes, de l'environnement et des droits de l'homme.
Photo : El Ciudadano